Justice sociale. Travail à faire pour vendredi 25 janvier

Pour continuer d'avancer malgré la grève, voici le cours avec des exercices.

- J'y ai intégré la correction du doc 1p308 que nous n'avons pas eu le temps de corriger.
- Il y a le cours du IIIA/ avec un doc illustrant la réduction des inégalités grâce à la redistribution (comme d'habitude, les données ne sont pas à connaitre par coeur mais permettent d'avoir un ordre d'idée).
- L'ex 6 est un travail de problématisation d'un sujet de dissertation, que j'avais prévu de faire en classe. Faites-le et rendez le moi vendredi car il y a de multiples manières de formuler une problématique (pas de correction type).
- Il y a  la moitié du IIIB/ avec la crise d'efficacité de l'Etat-Providence. J'ai intégré un doc illustrant la réduction des inégalités grâce à la redistribution (comme d'habitude, les données ne sont pas à connaitre par coeur mais permettent d'avoir un ordre d'idée). Il y a aussi la correction du doc 3p313 que je voulais traiter en classe: faite sle et comparez avec le corrigé. L'autre partie du B/ (crise de légitimité) sera traitée en classe vendredi. Vous devez préparer le doc 2p318 que l'on corrigera ensemble.

Il n'y a pas d'idées nouvelles pour vous dans ces parties, ce sont des informations que vous avez déjà eu en 1ère et terminale, qui sont approfondies et réinvesties. Cependant si vous ne comprenez pas quelque chose n'hésitez pas à m'en parler.

En résumé: à rendre vendredi ex6 poly; a faire pour vendredi 2p318; s'entrainer avec doc 3p313 et comparer avec le corrigé.

Cours:

 IIC

1p308
  1. Les inégalités de départ peuvent être trop fortes pour qu’un traitement égal parvienne à leur offrir les mêmes chances de réussite (pas de méritocratie). Ex : en cas de handicap, la probabilité de réussir professionnellement va être inégale. Ex du texte : les Noirs aux EU sont touchés par des discriminations très marquées qui empêche une grande partie d’entre eux d’accéder aux études supérieures, à un logement dans un quartier de classes moyennes, …
  2. En référence à l’esclavage
  3. Affirmative action ou discrimination positive = ens des mesures visant à rectifier des situations inégalitaires jugées injustes, en accordant un traitement différentiel aux membres d’un groupe défavorisé.

III. Ces actions sont-elles légitimes et efficaces ?

A. Les actions publiques en faveur de la justice sociale se font sous contrainte


Les politiques de lutte contre les inégalités posent un problème financier de plus ne plus important. On parle de crise financière, par exemple avec “le trou de la sécu».
Quelques chiffres : déficit budgétaire (de l’Etat) 2018 =83 milliards d’euros
Déficit public (= de toutes les administrations publiques) = 2.6% du PIB en 2018
Mais déficit de la sécu de seulement 300 millions (car baisse des dépenses)

Causes :
➡ pas assez de cotisations (donc de recettes) à cause du chômage, de la précarité du travail, du faible taux d’activité (difficulté d’emploi des seniors), de la faiblesse de l’augmentation des salaires, des baisses répétées des “charges sociales” pour les entreprises...
➡ plus de dépenses:
-vieillissement de la population et allongement de l’espérance de vie => poids des retraites mais aussi des dépenses de santé;
- progrès technique => renchérissement des dépenses de santé (traitements plus chers)
- montée du chômage => + allocations
- des dépenses mal régulées: ex: puisque les médicaments sont remboursés pourquoi se limiter? Certains patients poussent même les médecins à allonger la liste des médicaments prescrits.
➡ des solutions difficile à mettre en oeuvre: il faudrait faire payer + de cotisations aux actifs ou réduire les allocations ou encore augmenter les impôts....

Avec les essais d’harmonisation des services publics au niveau européen, la France est poussée à renoncer à assurer publiquement certains services collectifs, et à les confier à des entreprises privées qui ne font rien pour lutter contre les inégalités. On parle de libéralisation (privatisation) des services publics.

B. Leurs effets sont contrastés

Ex6 Problématiser le sujet « L'action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale est-elle toujours efficace ? » A faire et rendre vendredi 25/02


Une crise d’efficacité:

- Impact de la fiscalité : La TVA pèse plus lourd pour les petits revenus que pour les gros: comme les plus modestes dépensent tout ou une grande part de leur revenu, la TVA payée représente une part plus importante que chez les ménages aisés. Cela a tendance à accentuer les inégalités. L’impôt progressif est l’impôt qui permet le plus de réduire les inégalités mais le seul impôt progressif français (ISF) a été supprimé.
De plus, les ménages plus aisés bénéficient de plus d'exonération (allègements) d'impôts (pour embauche d'une nounou ou d'un jardinier, en cas d'achat d'un logement destiné à être loué à quelqu'un d'autre, en cas d'achat d'actions, de dons aux associations...).

- Impact de la redistribution dans son esemble: La redistribution a une efficacité évidente sur les inégalités de revenus. Les différences s’estompent en partie grâce aux revenus de transferts versés aux plus pauvres et à ceux qui en ont besoin. Dans les pays où cette redistribution est moins forte, les inégalités sont plus criantes (EU 24 % de pauvres contre 14 % en France). De plus, aux EU, nombre d’américains n’ont pas de couverture santé ou de retraite significative.
Ex : en 2015 avant redistribution les 10% les plus riches gagnaient 21 fois plus de revenu que les 10% les plus pauvre ; après redistribution ils ne gagnent plus que 5,7 fois plus.
Mais : vu les sommes en jeu, la redistribution a moins d'effets qu'espéré. Elle ne permet pas toujours de sortir de la pauvreté (14% des français). Les écarts de revenus restent aussi élevés que dans les autres pays européens qui redistribuent moins les revenus (car les inégalités de départ sont très fortes).
Problème : le système de sécurité sociale français repose sur le travail.... qui est actuellement en crise. Il a fallu la création du RSA et de la CMU pour contourner ce problème.
3p313
1. 10% des personnes ayant les revenus les plus faibles reversent en moyenne 40% de leurs revenus en prélèvements obligatoires (impôts + taxes + cotisations sociales). Rq : taux élevé car les cotisations sociales représentent une part importante du revenu brut, mais les salariés touchent un salaire net et se rendent moins compte de ce type de prélèvement ; les cotisations sont aussi prélevées sur les profits et revenus du partimoine (rev primaires).
  1. Système faiblement progressif pour 50% des plus modestes : 10% les plus pauvres sont prélevés à hauteur de 40% de leurs revenus et ceux qui ont un revenu médian sont prélevés à hauteur de presque 50% de leur revenu. Puis même tx entre D5 et p97 (percentile 97= 3% les plus riches) Système régressif surtout à partir du percentile 98 : baisse du tx d'imposition, les 1% les plus riches reversent 45% de leurs revenus et les 0,01% les plus riches reversent 35% de leurs revenus (tx plus faible que pour D1)
  2. Causes : nombreux allégements fiscaux, fraude fiscale massive des plus aisés, plafonnement des cotisations et impôts (sommes max fixées par la loi).
- Impact des services collectifs : très redistributifs, pas de mise en cause forte de leur efficacité, mais les budgets de plus en plus limités nuisent à leur efficacité (ex : services d'urgences des hôpitaux publics)

Une crise de légitimité
doc 2p318 à préparer pour vendredi 25

Quelle efficacité pour la politique redistributive française?

Lecture: en 2015, avant redistribution les 10% des ménages les plus riches disposaient d'un revenu 7.1 fois supérieur à celui de la moitié des ménages les moins aisés. Après redistribution, les 10% les plus riches ont un revenu disponible 5.1 fois supérieur aux 50% les moins riches.

Article de M. Duru-Bella (sociologue) paru dans la revue Alternatives Economiques

Sans vouloir vous déprimer...
Article permettant d'illustrer l'absence de réelle méritocratie dans la sélection des élèves par Parcoursup.



Alternatives Economiques n°386 - 01/2019

Parcoursup : cruelle méritocratie

27/06/2018
Marie Duru-Bellat Sociologue
Rationalité et méritocratie, tels sont les deux principes de base du dispositif Parcoursup. Rationalité, car il s’appuie sur les données statistiques qui indiquent qu’en moyenne les jeunes ayant tel ou tel profil ont telle ou telle chance de réussir les études projetées. Ainsi, en moyenne toujours, les chances de succès des bacheliers professionnels dans les filières générales ou celles de bacheliers non scientifiques en Médecine sont extrêmement faibles.

Des principes... à leur application

Les problèmes commencent avec l’application de ce principe, certes discutable mais qui ne présente a priori rien de scandaleux. En effet, quelle que soit la subtilité des algorithmes, vu le nombre des concurrents, la prise en compte du niveau scolaire revient à classer les candidats sur des différentiels de points tellement minimes que cela ne veut plus rien dire. Le tri entre les reçus et les collés frise alors… l’irrationnel.

Le même constat prévaut pour les lettres de motivation, exigées par certaines formations. Sur le principe, il n’y pas grand-chose à redire : les jeunes bacheliers sont confrontés à des exercices bien plus ardus (une dissertation de philosophie, par exemple), et expliciter les raisons de leur choix ne peut leur faire du tort. Malheureusement l’application satisfaisante de ce système est complètement irréaliste, vu le temps que des enseignants – qui, par ailleurs, sont également chercheurs – seraient censés y consacrer.

Violence du message

Mais il y a aussi, entre les principes et leur application, un angle mort qu’un minimum de proximité, voire d’empathie avec les jeunes aurait permis d’anticiper. Cet angle mort, c’est celui de la réception du message envoyé aux candidats sur la base de leurs caractéristiques personnelles, niveau scolaire et « motivation ». Car si on peut se révolter contre un « système » qui vous élimine par tirage au sort, il est bien plus cruel d’être mal classé ou rejeté parce que l’on est jugé « pas assez bon ». Ou encore de voir considérée comme inadéquate sa lettre de motivation, donc son projet, voire sa personne… On semble ainsi mériter son élimination (différée).



Certes, les lycéens évoluent depuis les débuts de leur scolarité dans un système où le mérite est sans cesse invoqué pour justifier notes et décisions d’orientation. Ceux qui travaillent sont censés être récompensés, la hiérarchie entre bacs ne dérange guère, et peu de gens dans notre pays critiquent le fait qu’en moyenne les salaires suivent la hiérarchie des diplômes. Dans le cas de Parcoursup, mis en concurrence au niveau national, le lycéen se découvre « moins bon » que des milliers de jeunes, et ça fait mal ! La méritocratie, si tendance chez nos élites, est cruelle en ce qu’elle insuffle l’idée que nous méritons notre sort. Les « premiers de cordée » sont bien évidemment les premiers à y croire et donc à juger légitimes leurs privilèges (...).



Marie Duru-Bellat a été nommée le 21 juin membre du comité de suivi de la loi Orientation et Réussite des Étudiants (ORE), dont découle Parcoursup. Cette chronique a été rédigée antérieurement à cette nomination.

Article du Monde: suite au témoignage d'un couple manifestant dans le cadre du mouvement des gilets jaunes (du 15 décembre), un nouvel article analyse les causes des critiques qu'ils ont essuyé.

Un article illustrant le mépris de classe.
Il illustre également la crise de légitimité de l'Etat-providence: réduire les inégalités par la redistribution ne serait pas forcément juste (ce couple étant plutôt incité à renoncer aux animaux de compagnie, aux loisirs, à avoir des enfants).

 

Pourquoi le quotidien d’un couple de « gilets jaunes » dérange une partie de nos lecteurs

Le portrait, dans « Le Monde », de jeunes parents mobilisés dans le mouvement a suscité un déluge de commentaires désobligeants à leur égard.
Par Faustine Vincent Publié le 20 décembre 2018 à 14h28
Des « gilets jaunes » à Montceau-les-Mines, le 23 novembre.
Des « gilets jaunes » à Montceau-les-Mines, le 23 novembre. ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Dès la parution de l’article du Monde, ce fut un déferlement. Le portrait d’Arnaud et Jessica, un couple de jeunes parents mobilisés dans le mouvement des « gilets jaunes » et témoignant de leurs fins de mois difficiles, a suscité plus de 1 000 commentaires sur le site du Monde, et des centaines d’autres sur Twitter et Facebook.
Une écrasante majorité d’entre eux expriment une grande hostilité à l’égard du mode de vie de cette famille, installée dans l’Yonne. Tout leur est reproché : le fait qu’ils aient quatre enfants à 26 ans, qu’ils touchent 914 euros d’allocations familiales, que la mère ne travaille pas – même si c’est pour éviter des frais de garde trop élevés –, le montant de leurs forfaits téléphoniques, le fait qu’ils aillent au McDo, qu’ils achètent des vêtements de marque à leurs enfants, et même qu’ils aient un chien.

« Ceux qui sont choqués sont issus des classes supérieures. Cela relève d’une haine sociale et d’un mépris de classe », Louis Maurin
La virulence des commentaires sur Internet n’est ni une nouveauté ni représentative de l’ensemble de la population. Pour autant, le déluge d’attaques dont le couple fait l’objet interroge. Pourquoi tant d’hostilité ? « Si l’article était paru dans la presse locale, cela n’aurait pas suscité de réaction, car c’est ce que les gens vivent. Il décrit simplement le quotidien d’une famille populaire, observe Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Ceux qui sont choqués sont issus des classes supérieures [surreprésentées parmi les lecteurs du Monde]. Cela relève d’une haine sociale et d’un mépris de classe », estime-t-il (...).

Beaucoup ont sorti leur calculatrice pour se pencher sur les comptes du jeune couple, en additionnant le salaire d’Arnaud (1 493 euros) et les aides dont il bénéficie, moins les dépenses figurant dans l’article – lequel ne se voulait pas exhaustif et ne mentionnait donc pas certains frais comme la cantine des enfants, les transports en commun, la mutuelle, la redevance télé, l’abonnement à Internet, etc. Or, une fois le calcul fait, les lecteurs sont formels, « ils ne savent pas gérer leur budget » (...). « Se demander si les pauvres ne font pas n’importe quoi avec leur argent est une question très ancienne », rappelle Jeanne Lazarus, sociologue au CNRS (...) Ces accents paternalistes se retrouvent chez certains lecteurs ayant ausculté les comptes du jeune couple. « Il y a dans ces commentaires un rapport de classe très fort, analyse Mme Lazarus. C’est une façon de dire : “Nous, nous savons bien ce qu’il faut faire avec l’argent, car nous en avons plus, et ne faisons pas n’importe quoi.” »

D’autres vont plus loin en les accusant d’être de « faux pauvres ». Avec ses 2 687 euros de revenus, aides incluses, la famille de Jessica et Arnaud se situe pourtant juste en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 2 770 euros pour ce type de famille, selon l’Insee. « A titre de comparaison, le revenu médian, pour un foyer de deux adultes et quatre jeunes enfants, est de 4 300 euros, rappelle Louis Maurin. On est donc très loin des revenus de ce couple. Mais les gens ne se rendent pas compte des niveaux de vie de la population française. » (...)
Avec Jessica et Arnaud, la curiosité se double de la conviction d’avoir un droit de regard sur leurs finances puisqu’une partie importante de leurs revenus vient des allocations, versées grâce aux impôts de la collectivité. Les choix qu’ils font au quotidien irritent d’autant plus que l’argent venant des aides est considéré comme « peu légitime, non mérité, contrairement à celui qui vient du travail », selon la sociologue.
« Ma compagne et moi payons (avec plaisir) environ 1 200 euros d’impôts par mois… Je ne suis pas sûr d’être content d’apprendre qu’ils servent à ce couple à se payer des forfaits trop chers et des vêtements de marque. Cette révolte [des “gilets jaunes”] est définitivement celle des assistés », écrit ainsi un lecteur. Les classes supérieures bénéficient pourtant, elles aussi, d’aides – tout le monde a notamment droit aux allocations familiales –, mais elles sont moins visibles dans l’immédiat, parce qu’elles passent beaucoup par la défiscalisation.
Au final, si ces « gilets jaunes » agacent tant une partie des lecteurs, c’est parce qu’ils sont à leurs yeux de « mauvais pauvres » faisant de « mauvais choix » (...)


« Ils appartiennent à une catégorie de plus en plus identifiée : les classes moyennes fragiles, explique Jeanne Lazarus. Ils cherchent à s’accrocher au mode de vie de la classe moyenne : être bien habillé, avoir une part de plaisirs, ne pas être uniquement dans la contrainte. Et quand tout s’effrite, c’est par la consommation qu’on trouve une place dans la société. » Or, ce que leur renvoient les commentaires, c’est qu’ils ne devraient pas s’autoriser ces « petits plaisirs ». « C’est très violent, socialement. C’est une façon de dire qu’ils doivent se satisfaire de leur place », poursuit la sociologue. (...)
Recontacté après la parution de l’article, Arnaud assure que les commentaires virulents « lui passent complètement au-dessus ». A ceux qui les jugent, il répond simplement ceci : « Si les gens veulent échanger, je prends leur vie sans hésiter. »

Article du Monde: un témoignages de "gilets jaunes"

 Cet article illustre les conditions de vie d'une famille appartenant aux "classes populaires" et son identification aux pauvres.
Il permet aussi d'illustrer la redistribution, aux travers des allocations citées, et de montrer qu'elle ne suffit pas à sortir les ménages de la pauvreté

Il a suscité des critiques acerbes des lecteurs, le couple étant accusé de dépenser sans compter et de vivre de manière illégitime avec les aides sociales.

 

« Gilets jaunes » : Arnaud et Jessica, la vie à l’euro près

Ces parents de quatre enfants sont à découvert dès le 15 du mois. Ils racontent leur sentiment de déclassement, et pourquoi ils continuent de lutter au sein du mouvement.
Par Faustine Vincent Publié le 15 décembre 2018 à 09h20


Arnaud est capable de citer de tête le montant de chaque dépense du foyer à l’euro près. Dans sa famille, installée dans un appartement HLM à Sens (Yonne), c’est lui qui fait les comptes. Or, depuis deux ou trois ans, ils ont beau faire attention, « à partir du 15 du mois, on est à découvert », explique ce cariste dans l’aéronautique de 26 ans. Leur vie s’est comme rétrécie. Le jeune homme, au visage paisible et juvénile, nous reçoit chez eux ce mardi 11 décembre. Sa compagne, Jessica, 26 ans elle aussi, a la mine fatiguée et les cheveux en bataille après avoir passé la nuit sur un rond-point avec d’autres « gilets jaunes ». Le couple se relaie depuis trois semaines pour participer au mouvement, jonglant entre leurs quatre enfants et les horaires décalés d’Arnaud. Les annonces d’Emmanuel Macron, la veille, n’ont pas entamé leur détermination. « C’était… comment il disait, déjà ? Ah oui, de la poudre de perlimpinpin. Pour mon pouvoir d’achat, c’est toujours le néant », lance le père de famille.
Il finit de changer la couche du dernier-né, puis détaille les comptes autour de la table du salon, aux murs nus et abîmés. Son salaire de 1 493 euros, sur lequel vit toute la famille, ne leur permet plus de faire face aux dépenses courantes. Et ce, malgré les 914 euros d’allocations familiales, les 100 euros d’aide personnalisée au logement (APL) et les 180 euros de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje). « Il y a trois ans, pourtant, on s’en sortait, se souvient-il. Moi je regarde les prix ; entre avant et maintenant, ça n’a rien à voir. »
Leur loyer est resté stable, à 506,74 euros, mais l’électricité est passée de 30 à 49 euros par mois en deux ans. Leur forfait téléphonique a lui aussi augmenté depuis l’expiration des promotions, bondissant de 5 à 36 euros par mois pour elle, et de 20 à 42 euros pour lui. « Ça fait un énorme trou dans le budget », s’inquiète Jessica. Même les croquettes de leur chien sont plus chères qu’avant, selon elle. « Ça fait polémique, on en parle beaucoup avec les gilets jaunes sur Facebook. » La prime d’activité d’Arnaud a, quant à elle, chuté de 225 à 163 euros depuis qu’il est passé, en septembre, de l’intérim à un CDD. Au final, « il va falloir qu’on revoie tout notre budget », soupire la jeune mère au foyer, qui a arrêté ses petits boulots à la naissance des enfants pour éviter des frais de garde trop élevés.

« Marre d’être pauvre »

Le couple vérifie en permanence le tableau de leur banque en ligne pour faire les comptes mais rien n’y fait, les graphiques passent immanquablement du vert au rouge. Pour s’en sortir, il doit multiplier les astuces. A Lidl, Jessica traque les promotions de viande, achetée par lot de 5 kg puis congelée. Pour les œufs, ils ont un bon plan : le frère d’Arnaud, qui possède des poules, lui en vend à prix cassé, 2 euros les trente. « C’est 2 euros de gagné. C’est bête, mais ça fait deux kilos de pâtes, de riz, ou des gâteaux », calcule Arnaud. Avec tout ça, ils parviennent tant bien que mal à maintenir leur budget mensuel de nourriture autour de 400 euros.
Quand les fins de mois sont trop difficiles, ils s’arrangent comme ils peuvent. Le père de Jessica lui glisse parfois un billet de 20 euros. En dehors de la famille, d’autres se montrent également compréhensifs. Le président de l’association de karaté du quartier a accepté de leur faire un échéancier afin qu’ils puissent payer les 120 euros de frais d’inscription pour leur fils aîné. « Il me reste encore 40 euros à donner, précise Jessica. Ce mois-ci je ne pourrai pas, mais le mois prochain, oui. » L’école de conduite où elle a passé son permis a elle aussi accepté un versement progressif, 300 euros par mois, 2 200 euros en tout après son premier échec à l’examen. Une somme colossale pour le couple, mais il n’avait pas le choix : le crédit à 1 euro par jour, dont il avait vu la publicité partout, lui a été refusé. « On dépassait le plafond », explique la jeune femme. La famille n’a pas de voiture pour autant : la banque a refusé de leur faire crédit, cette fois parce qu’ils « vivent trop à découvert ». Ils ont essayé auprès d’autres banques, mais comme ils n’ont pas de CDI, aucune n’a accepté.


Les travaux qu’ils espéraient faire dans l’appartement attendront. Les visites chez le dentiste aussi. Jessica doit faire des soins importants, mais elle a dû renoncer face au prix, 800 euros pour les six dents de devant. Une fortune, d’autant qu’ils ne peuvent pas bénéficier de la couverture maladie universelle (CMU) car ils dépassent le plafond… de 10 euros. Coquette, Jessica a aussi fait une croix sur les rouges à lèvres et les produits pour les cheveux qu’elle aimait s’offrir au supermarché. Son dernier luxe ? « Un pull à 10 euros chez le Chinois », rougit-elle.
La priorité, ce sont les enfants. Cette année, il a fallu renoncer au calendrier de l’Avent et au McDo plus d’une fois par mois, malgré leurs demandes pressantes, mais au moins ils ont pu continuer à leur acheter des vêtements de marque. Question pratique, d’abord, ça dure plus longtemps. Question de dignité, surtout. « Les enfants sont tellement méchants entre eux s’ils ont des sous-marques. J’ai pas envie que leurs copains se moquent, explique Jessica. Et puis, c’est mieux pour l’image. » Le mois dernier, la remarque de son fils de 7 ans lui a fait un coup au cœur. « Il m’a dit qu’il en avait marre d’être pauvre », dit-elle avec un sourire gêné. Le petit garçon sait que sa mère va à Paris tous les samedis depuis trois semaines. « Il chante même les chansons d’Emmanuel Macron, s’amuse son père. Ça fait “Oh oh, Emmanuel Macron, oh, tête de con, on vient te chercher chez toi”. La vidéo a fait pas mal de vues sur Facebook. »
Arnaud et Jessica, qui se mobilisent pour la première fois, avaient voté Hollande en 2012, puis s’étaient abstenus en 2017. Ils ne rejettent pas les impôts, qu’ils jugent « utiles ». Ils se soucient aussi de l’écologie, et ne sont pas des violents. Mais ils ne supportent plus « de payer pour des politiciens qui ne nous représentent pas, qui se permettent de dormir à l’Assemblée pendant le vote des lois, alors que nous, ce serait direct une mise à pied, et qui parlent d’écologie tout en prenant l’avion », enrage Arnaud. Sur le rond-point, la veille, Jessica est passée pour la première fois à un mode d’action plus virulent. Samedi 15 décembre, ils seront tous les deux à Paris, dans la foule des « gilets jaunes ». Et ils crieront de nouveau le message qu’ils sont venus porter et que le pouvoir n’a, à leurs yeux, toujours pas compris.

Vidéo produit par Inverséco sur les différentes manières de concevoir la justice sociale et l'égalité.


T3 Ch4 plan et docuaments



Thème 3 Classes, inégalités et justice sociale

Ch4 Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer à la justice sociale ?


Programme : On s'interrogera sur les fondements des politiques de lutte contre les inégalités en les reliant à la notion de justice sociale ; on rappellera à ce propos que toute conception de la justice doit répondre à la question : « L'égalité de quoi ? ». On distinguera égalité des droits, égalité des situations et égalité des chances. On analysera les principaux moyens par lesquels les pouvoirs publics peuvent contribuer à la justice sociale : fiscalité, redistribution et protection sociale, services collectifs, mesures de lutte contre les discriminations. On montrera que l'action des pouvoirs publics s'exerce sous contrainte et qu'elle fait l'objet de débats quant à son efficacité : risques de désincitation et d'effets pervers.

Notions : Égalité                                  discrimination                        assurance/assistance
         services collectifs           fiscalité                                  prestations et cotisations sociales  
         redistribution                 protection sociale

Problématiques :
- La justice sociale : quelle égalité promouvoir ?
- Comment les pouvoirs publics peuvent-ils agir pour une société plus juste ?
- Dans quelle mesure les moyens publics mis en œuvre pour contribuer à la justice sociale sont-ils efficaces ?


I. Quels sont les principes et objectifs de la justice sociale ?
Exercice 1 poly, exercice 2 poly

II. Par quels moyens les pouvoirs publics contribuent-ils à la justice sociale ?
A. Par la redistribution et la protection sociale 3 et 4 poly
B. Par la fiscalité et la mise en place de services collectifs 5poly, 4 p313
C. Par la lutte contre les discriminations 3 p308, 2 p324 Q3,4,5

III. Ces actions sont-elles légitimes et efficaces ?
A. Les actions publiques en faveur de la justice sociale se font sous contrainte 2 p316
B. Leurs effets sont contrastés 3 p313, 2p318, 4 p319

Pourquoi l'égalité des chances à l'école n'existe pas? une vidéo Osons Causer


Ludo Torbey montre comment l'école reproduit des inégalités. Même s'il ne le nomme qu'à la fin de la vidéo, il fait référence à l'analyse de Bourdieu. 
Cette vidéo, très bien faite et attractive, permet de comprendre comment l'école transmet une culture dite légitime qui favorise la réussite des enfants des classes supérieures, et qui freine celle des classes défavorisées.

Les déterminants de la mobilité sociale

Vidéo support du travail à réaliser pour le jeudi 10 janvier.

Travail sur les déterminants de la mobilité sociale


Cours en amont à partir de la vidéo du site inverséco « les déterminants de la mobilité sociale »

Consigne : répondre aux questions en rédigeant de manière claire et précise, de sorte à constituer le cours  du III. Répartir les questions dans le A, B, et C du III.

IIIA) L’influence de la modification de la structure des emplois

L’évolution des emplois offerts impose une certaine mobilité sociale (Q3 et 4 ex6 à recopier ici)
Qu’est-ce que l’évolution de la structure socio-professionnelle ?
Qu’est-ce que la mobilité structurelle ?
La mobilité structurelle représente une part importante de la mobilité sociale, en particulier de la mobilité ascendante. Montrez-le.

IIIB) Famille et école permettent la mobilité sociale

-          Le rôle de l’école
L’école joue un rôle d’ascenseur social. Expliquez ce que cela signifie.
Le système scolaire a été de plus en plus massifié: on parle de massification scolaire. Montrez comment cette massification s’est faiote en distingaunt les deux temps de sa mise en place.
Cette massification scolaire a permis d’augmenter la mobilité sociale. Expliquez pourquoi.

-          Le rôle de la famille
La famille veut favoriser la promotion de ses enfants. Quand on observe les familles d'origine modeste, on voit que les enfants de certaines familles ont une réussite scolaire nettement supérieure à la réussite moyenne des enfants des familles similaires. Quand on cherche à expliquer ce différentiel de réussite, on trouve toujours une responsabilité particulière de la famille (volonté forte de s'intégrer à la société française pour les familles d'origine étrangère, volonté forte que les enfants ne connaissent pas des conditions aussi difficiles que leurs parents, etc…) qui se traduit en particulier par une grande attention aux résultats scolaires.

IIIC) Mais la famille et l’école ont aussi un rôle important dans la reproduction sociale

-          La famille transmet un capital économique, un cpital culturel et social à ses enfants, et contribue ainsi à la reproduction des inégalités et des positions sociales d’après Pierre Bourdieu.
Comment Pierre Bourdieu explique-t-il que le système scolaire français favorise la reproduction sociale ? (précisez le vocabulaire, définir, expliquer)
Distinguez les trois formes de capital culturel et donnez un exemple pour chacune.
L'école reproduit les inégalités en valorisant les élèves qui sont issus de familles bien dotées en capitaux de toutes sortes. L'école traite tous les enfants également, mais les enfants sont différents selon leur origine sociale. Et la culture qui est transmise et réclamée à l'école se rapproche beaucoup de la culture transmise par les milieux favorisés à leurs enfants.

-          Le paradoxe d’Anderson montre que l’école permet moins la mobilité ascendante.
Qu’est-ce que le paradoxe d’Anderson ? Comment l’expliquer (cause)?

-          Les inégalités de réussite scolaire sont le résultat de stratégies familiales différentes d’après Raymond Boudon.
            Les familles peuvent avoir des stratégies qui expliquent les différences d'orientation et de réussite scolaire. Par exemple, une famille ouvrière peut « se contenter » de souhaiter pour ses enfants des études à bac+2 dans la mesure où le diplôme obtenu, supérieur à celui obtenu par les parents, permettra à l'enfant de monter dans l'échelle sociale, sans que les sacrifices financiers faits pour la poursuite des études (une sorte d'investissement) ne soient trop lourds pour la famille. Il y a donc une sorte de calcul coût/avantage qui permet de conclure que ce niveau de diplôme est satisfaisant et suffisant. Les parents des classes aisées eux aussi essayer de faire progresser leurs enfants dans la hiérarchie sociale, mais comme le niveau social des parents est déjà élevé, ils vont plus souvent pousser leurs enfants à faire de longues études, et dans les cursus sélectifs.
Ainsi, il peut y avoir de la part des parents une stratégie résidentielle : dans quel quartier habiter pour que mes enfants aillent dans tel lycée réputé ? Il y a aussi une stratégie dans le choix des langues vivantes et des options, l'objectif étant que l'enfant soit dans une « bonne » classe, etc…


Correction exercice sur l'ampleur de la mobilité sociale dans la société française actuelle

Quelle est l’ampleur de la mobilité sociale ?
= Actuellement, la société française est-elle marquée par une forte mobilité sociale? Autrement dit, est-il courant de changer de PCS par rapport à ses parents? 
= dans quelle mesure la société française actuelle rend-t-elle possible la mobilité sociale des individus?

Données issues des tables de destinée et de recrutement de 2014-2015

Il s'agit d'un exemple de réponse, d'autre données bien sûr peuvent être choisies pour illustrer la mobilité sociale ou sa faiblesse.

A) Il y a une certaine mobilité sociale

- En particulier chez les employés. Seuls 13,9 % des employés sont fils d’employés, donc 86,1 % des employés connaissent la mobilité sociale. En particulier, 10 % des employés ont un père qui exerçait une profession intermédiaire, et 8 % ont un père cadre : ils connaissent un déclassement social.
- une mobilité sociale importante se constate aussi chez les artisans . Ainsi presque 80 % des fils d’artisans changent de position sociale par rapport à leur père (100-20,3). 24,3 % d’entre eux deviennent ouvriers, 22,9 % exercent une profession intermédiaire et 22,2 % deviennent cadres.
- cette mobilité sociale est souvent asc endante. Ainsi 25,5% des fils de professions intermédiaires sont devenus cadres.

B) Mais l’hérédité sociale reste importante

- La reproduction sociale est forte chez les agriculteurs et les ouvriers. En effet, 81,1 % des agriculteurs sont fils d’agriculteurs. De même, 57,5 % des ouvriers sont eux mêmes fils d’ouvriers, et 47,6 % des fils d’ouvriers deviennent ouvriers
- Les cadres sont surtout recrutés parmi les enfants de cadres. Ainsi 33,8 % des cadres sont enfants de cadres, alors que seulement 20 % d’entre eux sont enfants de professions intermédiaires, 19,3 % sont enfants d’ouvriers et 15,1 % sont enfants d’artisans.
- enfin, même quand il y a mobilité sociale on constate qu’elle se fait entre des PCS proches socialement. Par exemple, 43,3 % des employés sont fils d’ouvriers, deux catégories proches. Même en cas de mobilité ascendante, la progression dans la hiérarchie se fait progressivement : 22,9 % des fils d’ouvriers exercent une profession intermdiaire, mais moins de 10 % deviennent cadres.
Thème 4 Mondialisation et intégration européenne
Ch1 Quels sont les fondements du commerce international ?

Programme : En partant d’une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant référence à la notion d’avantage comparatif, on s’interrogera sur les déterminants des échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation. On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. On s’interrogera sur les effets d’une variation des taux de change sur l’économie des pays concernés.

Notions : avantage comparatif, dotation factorielle, libre échange,

protectionnisme, spécialisation.

Problématiques :
- Comment expliquer l’essor et les changements de nature du  commerce international ?
- Dans quelle mesure le libre échange est-il favorable à l’économie ?
- Les politiques protectionnistes aujourd’hui : un frein utile au commerce international ?

Introduction
En décembre 2017, le journal Le Monde titrait : « La mondialisation, à consommer avec modération ? » et critiquait les accords de libre-échange. La mondialisation est ainsi l’objet de débats récurrents, certains la voyant comme une chance pour la croissance quand d’autres estimant ses effets plutôt défavorables.
On peut en préalable définir le processus de mondialisation comme l'émergence d'un vaste marché mondial des biens, des services, des capitaux et de la force de travail, s'affranchissant de plus en plus des frontières politiques, et accentuant les interdépendances entre les pays. Elle peut aussi être vue comme l’extension du capitalisme à l’échelle mondiale.
Alors pourquoi les pays échangent-ils entre eux ? Pourquoi un pays exportera-t-il plutôt des voitures que des ordinateurs ? Le libre-échange est-il toujours favorable ?

1. Les grandes évolutions du commerce international
A. Une explosion du commerce international depuis 1945
B. Les mutations de la nature des produits échangés.
C. L’évolution du poids des échanges entre les zones géographiques

2. Quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation ?
A. Des facteurs historiques
B. Les spécialisations des économies sont d’abord le résultat des avantages comparatifs des pays
C. Les Etats disposent de dotations factorielles différentes qui justifient leur spécialisation

3. Faut-il adhérer totalement au libre-échange ou recourir au protectionnisme ?
A. Les avantages et inconvénients du libre-échange
B. Les avantages et inconvénients du protectionnisme
C. Quels sont les effets du taux de change sur les bénéfices du commerce international ?