Thème 4 Mondialisation et intégration européenne
Ch1 Quels sont les fondements du commerce international ?

Programme : En partant d’une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant référence à la notion d’avantage comparatif, on s’interrogera sur les déterminants des échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation. On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. On s’interrogera sur les effets d’une variation des taux de change sur l’économie des pays concernés.

Notions : avantage comparatif, dotation factorielle, libre échange,

protectionnisme, spécialisation.

Problématiques :
- Comment expliquer l’essor et les changements de nature du  commerce international ?
- Dans quelle mesure le libre échange est-il favorable à l’économie ?
- Les politiques protectionnistes aujourd’hui : un frein utile au commerce international ?

Introduction
En décembre 2017, le journal Le Monde titrait : « La mondialisation, à consommer avec modération ? » et critiquait les accords de libre-échange. La mondialisation est ainsi l’objet de débats récurrents, certains la voyant comme une chance pour la croissance quand d’autres estimant ses effets plutôt défavorables.
On peut en préalable définir le processus de mondialisation comme l'émergence d'un vaste marché mondial des biens, des services, des capitaux et de la force de travail, s'affranchissant de plus en plus des frontières politiques, et accentuant les interdépendances entre les pays. Elle peut aussi être vue comme l’extension du capitalisme à l’échelle mondiale.
Alors pourquoi les pays échangent-ils entre eux ? Pourquoi un pays exportera-t-il plutôt des voitures que des ordinateurs ? Le libre-échange est-il toujours favorable ?

1. Les grandes évolutions du commerce international
A. Une explosion du commerce international depuis 1945
B. Les mutations de la nature des produits échangés.
C. L’évolution du poids des échanges entre les zones géographiques

2. Quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation ?
A. Des facteurs historiques
B. Les spécialisations des économies sont d’abord le résultat des avantages comparatifs des pays
C. Les Etats disposent de dotations factorielles différentes qui justifient leur spécialisation

3. Faut-il adhérer totalement au libre-échange ou recourir au protectionnisme ?
A. Les avantages et inconvénients du libre-échange
B. Les avantages et inconvénients du protectionnisme
C. Quels sont les effets du taux de change sur les bénéfices du commerce international ?

1. Les grandes évolutions du commerce international

Cette partie est également traitée par votre professeur d’histoire-géographie ! Réutilisez ses cours !

L'internationalisation des économies est un processus continu depuis 2 siècles. Les Etats, sous l'égide de l'OMC, ont largement fait le choix de l'ouverture de leurs économies.


    A. Une explosion du commerce international depuis 1945
On observe une ouverture croissante des économies tout au long du 20è siècle. Après s’être effondré pendant les deux guerres mondiales, le commerce international connaît un essor remarquable à partir de 1945: entre 1948 et 2000, le volume du commerce international a ainsi été multiplié par près de 20 pendant que le PIB mondial était multiplié par 6.
On observe une accélération des échanges à partir des années 1980 : nouvelle phase dans le processus de mondialisation.
La croissance du commerce international (= échanges internationaux de biens et services) est supérieure à celle de la production, exprimée par le PIB. Ce mouvement d’ouverture internationale s’est s’accéléré notablement depuis ces cinquante dernières années. Cela signifie qu'une proportion grandissante des productions nationales est exportée, de même qu’une proportion de plus en plus grande de la demande est satisfaite par des importations de biens et services.

Exercice 1 : Evolution des exportations et du PIB mondial, en %
Source : Rapport sur le commerce mondial 2014, OMC, 2014.
EC2 : après avoir présenté le document, vous montrerez la corrélation entre l'évolution des exportations et celle du PIB


Cours vidéo : un résumé est disponible sur le site inverseco « L'augmentation des échanges internationaux », ainsi que sur le blog
    B. Les mutations de la nature des produits échangés

Les échanges de matières premières ont été pendant longtemps la source essentielle des échanges internationaux. La part des produits primaires dans le commerce mondial décline cependant fortement, en particulier celle des produits agricoles qui s'explique notamment par la baisse des prix de nombreuses productions agricoles. Les autres matières premières ont des évolutions contrastées depuis le début des années 2000, avec une hausse de la part des combustibles et minerais dans le commerce mondial.
Les échanges de produits manufacturés se sont développés d'abord entre PDEM, ce qui a entrainé une forme particulière de commerce : l'intra branche. Un commerce intra branche est un échange croisé de produits appartenant à un même secteur économique, comme le secteur automobile par exemple. Le commerce de produits manufacturés représente aujourd'hui 65% des exportations mondiales.
Quant aux échanges de services, leur croissance est plus récente mais très rapide. La part des services dans les échanges internationaux est de plus de 20% aujourd'hui (voir schéma doc 3p71). Les services les plus exportés concernent la comptabilité des entreprises, la publicité, les télécommunications (pensez aux centres d'appel à l'étranger!) Cependant une partie des services reste difficilement exportable comme l'enseignement et les services aux personnes («secteur abrité» de la concurrence internationale).

Document: un exemple d'exportation de services, les services juridiques
La délocalisation des activités juridiques représente encore peu de choses (…). Mais ce chiffre grossit de 20 à 30 % par an, pour la simple raison que les frais d’avocats explosent. Entre 2002 et 2013, les tarifs horaires des gros cabinets de conseil ont augmenté de 65 % (…).
Certains services ne peuvent pas être bon marché. Si le sort de l’entreprise repose sur le verdict d’un juge, vous voudrez un brillant avocat pour plaider votre cas. Mais de nombreuses tâches sont routinières. Les cabinets américains ont l’habitude de confier ces tâches à des juristes débutants et à les facturer à un prix élevé, mais la récession a poussé les clients à se rebeller (…). American express, General Electric, Sony, et d’autres entreprises ont commencé à utiliser les services de Pangea3, une firme dont les avocats sont à Bombay, pour des tâches routinières. La firme vérifie les documents, rédige les contrats et fait d’autres tâches répétitives. D’après « Offshoring your lawyer », The Economist, 16 decembre 2014
    C. L’évolution du poids des échanges entre les zones géographiques

Le développement des échanges s'est surtout fait entre les pays industrialisés dans un premier temps : le commerce est triadique entre 3 sphères d'influence: les Etats Unis, le Japon, et l'Europe.
    - Aujourd’hui les échanges commerciaux demeurent avant tout le fait des pays développés.
    - De nouveaux acteurs du commerce international sont apparus : les pays émergents. Il y a eu dans un premier temps 4 pays d'Asie du Sud Est (« dragons »): Hong Kong, Singapour, Taiwan et la Corée du Sud se sont intégrés à la fin des années 1970 dans les échanges internationaux (exportation de produits manufacturés). Depuis les années 2000, on voit apparaître une seconde génération de pays émergents, avec en particulier l'irruption de la Chine (entrée à l'OMC en 2001), qui est devenu le 1er exportateur mondial . Sur le continent Américain, le Mexique s'est lui aussi largement développé en s'internationalisant. L'ensemble formé par ces pays est aussi appelé les NPI : les nouveaux pays industrialisés.
    - Le commerce intra-régional s'est largement développé. Les échanges se font en effet plus facilement entre pays voisins, connaissant des situations de développement similaires, et disposant de liens commerciaux anciens et profonds.
    Exercice 2 : 4p71 Destination et origine des échanges commerciaux
    Q. Montrez que le commerce international est surtout intra-régional
Exercice 3 : Ne pas confondre 
Commerce intra-branche Commerce de B&S entre pays appartenant à la même région
Commerce intra-zone Commerce de B&S intermédiaires entre filiales de la même FMN
Commerce intra-firme Commerce de B&S similaires entre pays à spécialisation proche

2. Quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation?

Spécialisation : Concentration de la production d'un pays dans des branches d'activités ou des produits particuliers.

EC3 Vous montrerez que le commerce international a plusieurs déterminants (autres centres étrangers, 2015)


 
A. Des facteurs historiques

- La hausse du commerce international repose sur la baisse des coûts de transports et de communication, et sur leur amélioration. Les frais de transport se rajoutent aux coûts de production.
Depuis le début des années 90, le développement de l'informatique et de la transmission numérique des données a permis de réduire considérablement les coûts de communication. La dématérialisation des informations et données numériques nécessaires aux entreprises en « cloud » (nuage informatique) accélère encore le processus de mondialisation des échanges (les données sont partagées et disponibles en tout point de connexion internet).

- Les échanges internationaux se sont d’abord développés sous l’impulsion d’organisations internationales favorables au libre-échange, issues pour la plupart des accords de Bretton Woods (1944). C’est à ce moment, en effet, que l’on donne naissance au Fonds Monétaire international (FMI), et à la Banque mondiale. Mais c’est surtout le GATT (general agreement on tariffs and trade) qui impose à partir de 1947 les règles du jeu en matière de commerce international ; il laisse la place à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995. Les principes de l’OMC sont simples : il s’agit de réduire les entraves au commerce et d'assurer une meilleure coopération internationale, mettant chaque pays sur un pied d’équité :
- La non-discrimination: quand un pays baisse ses droits de douane il doit le faire pour tous les pays
- L’abolition des restrictions quantitatives (quotas)
- L’interdiction du dumping (la vente à perte) et la réglementation des subventions à l’exportation.

    - Ces règles ont permis d’abaisser considérablement le niveau des barrières douanières.
    - Des zones d’intégration régionale se sont développées, comme l’ALENA  ou l’UEM : les échanges entre pays membres explosent.
B . Les spécialisations des économies sont dues aux avantages comparatifs des nations

L’échange international est d’abord fondé sur l’échange de biens et services distincts, chaque nation disposant d’avantages spécifiques pour certaines productions.
Ce sont les avantages spécifiques à chaque nation qui expliquent ces spécialisations internationales : c'est parce qu'il y a des différences marquées de productivité entre nations que l'échange est préférable à l'autarcie. Pour D. Ricardo les pays se spécialisent dans la production où leur supériorité est la plus forte, et dans celle où son infériorité est la moins grande. La théorie des avantages comparatifs montre en effet que les pays ont intérêt à échanger dès lors que chacun se spécialise dans les productions où il est le plus productif. Supposons que la France et la Thaïlande produisent tout deux du cognac et des télévisions;
- en France 1 bouteille de cognac = 50€, une télé = 500€, soit 10 bouteilles de cognac = 1 télé
-en Thaïlande 1 bouteille de cognac = 5.000baht, une télé = 15.000baht, soit 3 bouteilles = 1 télé
Le prix relatif de la télévision est donc plus faible en Thaïlande. Si la France produit 1 télévision de moins, elle peut produire 10 bouteilles en plus ; si la Thaïlande produit une télévision en plus, elle produit 3 bouteilles en moins. Il y a bien un gain mutuel à l’échange parce que la France a un avantage comparatif dans le cognac et la Thaïlande dans les télévisions.
Grâce à l’échange, la quantité de biens produit augmente car les échanges internationaux augmentent l’efficacité des producteurs, ils permettent une meilleure utilisation des ressources. La spécialisation permet à chacun de concentrer ses moyens de production sur les secteurs où ils seront relativement les plus efficaces.

Exercice 4: vidéo « Dessine moi l'éco » intitulée « Qu'est-ce qu'un avantage comparatif ? »
Quel est le postulat de départ de David Ricardo ?
Comment les pays doivent-ils se spécialiser ?
Pourquoi le Portugal a -t-il un avantage absolu sur l'Angleterre ?
Pourquoi la spécialisation des pays est-elle bénéfique ?

Exercice 5: 2p72 Un exemple d'avantage comparatif
Montrez que les EU ont un avantage absolu sur la production de blé et d'ordinateurs
Expliquez pourquoi le commerce international ne peut pas dépendre uniquement des avantages absolus
Pourquoi le Japon a-t-il intérêt à produire des ordinateurs, et les EU du blé ?

Les avantages comparatifs peuvent être tirés d'avantages naturels – on pense par exemple aux richesses minières du sous-sol ou à la fertilité des terres agricoles. Mais dans la plupart des cas, un avantage de productivité est le fruit d'une histoire : l'industrie anglaise des débuts de l'ère industrielle surpassait ses concurrentes parce que ses entrepreneurs avaient beaucoup investi, beaucoup innové, que les ouvriers anglais étaient bien formés.

Exercice 6: 1p72 Q. Indiquez si les spécialisations visibles sur ces photos sont naturelles ou construites
- Production de pétrole :
- Production de chaussures Nike :
- Production de TGV :
- Production de cacao :

Les pays qui participent au commerce international peuvent ainsi chacun se spécialiser dans une ou plusieurs productions, c'est ce que l'on appelle la Division internationale du travail.
  • La DIT permet alors à chaque pays de se spécialiser selon son avantage comparatif ce qui accroît la productivité globale et le bénéfice mutuel à l'échange.
  • Cette DIT permet alors de développer un commerce inter6branches: on échange des produits différents par qu'il existe un différentiel de coût de production à la faveur d'un pays ou d'un territoire. Des souris d’ordinateurs sont made in China, des tongs sont made in Brazil, des Jeans sont made in Marocco, etc.

    C. Les Etats disposent de dotations factorielles différentes justifiant leur spécialisation
Exercice 7: 3p73 La théorie HOS
De quoi dépend la spécialisation dans la théorie des avantages comparatifs ? Dans la théorie HOS ?
Pourquoi dans cet exemple l'Angleterre doit-elle se spécialiser dans la production de draps ?
Les spécialisations visibles dans le doc 1p72 sont-elles dues aux différences de productivité du travail ou aux différences de dotations en facteurs de production ?
 
La deuxième grande théorie du commerce international est publiée en 1941 par Eli Hecksher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson, d'où son nom: le théorème d'HOS. Dérivé de la théorie de l'avantage comparatif qui expliquait la spécialisation par les différences de productivité, ce théorème démontre que chaque pays doit se spécialiser dans les productions pour lesquelles il possède les meilleures dotations en facteurs travail ou capital. Chaque pays produit et exporte les produits pour lesquels il a la meilleure dotation factorielle.
En effet, plus le facteur de production est abondant, plus son prix relatif est bas. Ainsi un pays abondamment doté en main-d'oeuvre mais disposant d'équipements restreints, doit réaliser des productions intensives en travail (pensez à la Chine avec sa main d’œuvre toujours abondante et peu coûteuse pour les entreprises.)
Par exemple, les EU disposent en abondance du facteur capital alors que le Mexique est largement doté en facteur travail. Inversement, aux EU, le nombre de travailleurs disponibles est moins abondant, alors qu'au Mexique, on observe un manque de capitaux disponibles. Au Mexique, on va alors se spécialiser dans les productions nécessitant beaucoup de main d'œuvre (le facteur travail est abondant, donc son coût est relativement plus faible) comme le textile par exemple, alors que les EU vont privilégier les productions utilisant le capital comme les produits High Tech.

Les dotations initiales peuvent cependant largement évoluer dans le temps, et un pays peut essayer de développer un des facteurs de production en développant la recherche, en investissant dans la formation, en favorisant fiscalement l'investissement, pour acquérir un avantage comparatif dans les secteurs industriels de pointe.

3. Faut-il adhérer totalement au libre-échange ou recourir au protectionnisme?

Dissertation: Dans quelle mesure le recours au protectionnisme est-il souhaitable? (Pondichéry 2013)

A. Les avantages et inconvénients du libre-échange.



Libre échange :

- Doctrine (idéologie) prônant la liberté de circulation des produits, des capitaux et des hommes

à l’échelle internationale

-Situation caractérisée par la liberté de circulation des produits des capitaux et des hommes à l’échelle internationale

- Les avantages :

L'échange international accroît la diversité des produits et donc le choix du consommateur. Par les importations, un pays permet à ses consommateurs d'accéder des biens étrangers dont les caractéristiques sont souvent différentes des biens produits localement (ex : fruits et légumes exotiques sur les marchés français). Le libre-échange permet des échanges croisés de produits similaires mais non identiques, nommés commerce intra-branche. Exemple : pour les consommateurs, les voitures allemandes, françaises, japonaises ou italiennes n'ont pas les même caractéristiques (qualité, design, performances, etc.).

L'échange international permet des économies d'échelle et donc une production à moindre coût. En effet, le libre-échange permet aux entreprises de vendre plus (nouveaux débouchés), et donc de produire plus et de profiter d'économies d'échelle les coûts fixes sont dilués dans un plus grand nombre de production.
La réduction des coûts de production dans les entreprises grâce aux économies d'échelle permet la baisse des prix de vente des biens et services. Le pouvoir d'achat des consommateurs augmente donc, et ils peuvent acheter une plus grande quantité de biens et services. Cette demande accrue impose d'augmenter la production, ce qui renforce encore les économies d'échelle et la baisse possible des prix de production. On a donc un " cercle vertueux " qui s'enclenche entre le commerce international et la croissance économique.

Les inconvénients :

La mise en compétition des travailleurs des pays développés avec les mains-d'oeuvre abondantes, peu qualifiées, sous-payées et exploitées des pays en développement, conduit à un nivellement par le bas des salaires et des acquis sociaux: le"dumping social". Pour les pays développés cela se traduit par une baisse des salaires des travailleurs les moins qualifiés (si les salaires sont flexibles) ou par la délocalisation d'activité et l’augmentation du chômage. Pour les pays en développement cela contribue à dégrader les conditions de travail et de vie.
De plus seuls les pays riches sont en mesure de soutenir certaines de leurs activités, telle l'agriculture, par des subventions (ex : PAC pour l'Union européenne) alors qu'ils imposent aux pays les plus pauvres d'abandonner le seul moyen de protection dont ils disposent, les barrières douanières. Ces subventions versées par les Etats permettent de baisser les prix des produits, ce qui est une concurrence « déloyale » vis à vis des pays qui n’ont pas un budget suffisant pour verser des subventions.
Enfin, les spécialisations que génère le libre-échange ne sont pas équivalentes. Par exemple, la réalisation de produits manufacturés nécessite la maîtrise de tout un processus de fabrication, tandis que les extractions de matières premières ne conduisent pas à une industrialisation. Surtout, l’exportation de produits tels que les médicaments ou le textile de luxe rapporte beaucoup d’argent, tandis que l’exportation des produits tels que les céréales ou le textile commun apporte peu de bénéfice. Il peut y avoir une dégradation des termes de l’échange s’il faut exporter une plus grande quantité d’un produit (ex : cacao) pour payer la même quantité d’un autre produit (ex : parfum).

B. Les avantages et inconvénients du protectionnisme contemporain 

 

Le protectionnisme vise à protéger l'espace national face à l'entrée de biens ou services étrangers.
Les mesures protectionnistes :
- Les barrières tarifaires sont des taxes douanières mises à l'entrée de produits étrangers dans l'espace national ; elles existent toujours mais sont en déclin (ex : les EU taxent à 250 % l’acier chinois importé!). Elles sont interdites par l'OMC mais le versement de subventions publiques aux entreprises constitue des barrières tarifaires : une entreprise subventionnée peut vendre moins cher que les produits importés. L'agriculture est un des secteurs les plus protégés sur ce plan là, que ce soit dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis (aides directes aux agriculteurs)
- Les barrières non tarifaires sont des restrictions quantitatives (quotas): les autorités politiques fixent un volume annuel maximum d'importation pour un produit donné. Ces pratiques sont interdites par l'OMC aujourd'hui. Elles ont beaucoup perdu d'importance.
- Il ne faut pas oublier l'imposition de normes techniques, sanitaires ou autres. Elles doivent protéger le consommateur mais elles sont aussi un moyen détourné pour décourager les importations (ex : l’UE interdit l’importation de bœuf aux hormones).

Les avantages :

Le protectionnisme peut être protecteur : protéger les travailleurs qui devraient perdre leur emploi du fait de la concurrence internationale. Par exemple, le secteur textile, pendant très longtemps, fut en dehors des règles du libre-échange.
Le protectionnisme peut aussi être éducateur pour les pays non industrialisés: l'Etat protége les entreprises nationales dans des secteurs nouveaux jusqu'à ce qu'elles soient en mesure d'affronter la concurrence internationale. C’est la théorie du protectionnisme éducateur de F. List au 19e s. Dans un pays peu développé, le commerce international représente une rude concurrence et empêche l’émergence d’industries nationales : le pays doit fermer ses frontières aux produits modernes pour permettre la naissance et le développement des jeunes industries (ou " industries dans l'enfance ", comme disait List). Mais ce protectionnisme doit être partiel (certaines branches seulement) et temporaire car il favorise les prix élevés.
Ce raisonnement peut aussi être appliqué  aux secteurs de pointe des économies développées. Par exemple face au premier constructeur mondial, l'américain Boeing, dans les années 1970-1980, il n'y avait pas de rival en Europe. Certains pays européens ont créé un consortium (entreprise commune) et l'ont subventionné largement pour développer Airbus. L'aéronautique est une branche dans laquelle l'entrée est très coûteuse (les équipements sont très spécialisés, la R&D doit être très poussée, le réseau clients est très difficile à  constituer).Une fois installé dans la branche, on peut y réaliser de gros profits, mais il faut parvenir à  s'y installer.

Les limites :
Les Etats ayant choisi de se développer en dehors que commerce international n’ont en général pas bénéficié d’un rythme de croissance élevé.
Protéger l’économie nationale de la concurrence mondiale ne stimule ni l’innovation, ni la recherche d’une baisse des coûts de production (compétitivité-prix). Au final, les entreprises nationales risquent de devenir de moins en moins performantes, et l’absence de baisse des coûts de production nuit au pouvoir d’achat des ménages, qui ne peuvent pas consommer davantage. Les consommateurs ne peuvent pas non plus bénéficier d’une gamme de produits élargie.
De plus, le protectionnisme peut alimenter des tensions entre pays et conduire à une « guerre commerciale ». Un pays qui limite l’entrée de produits d’un autre pays s’expose ainsi à des mesures de rétorsion puisque l’autre pays peut lui aussi en contrepartie empêcher les importations. Exemple : jusqu’en 2012 le Canada a instauré des droits de douane élevés sur tous les produits venant de l’UE car l’UE interdisait l’importation de bœuf aux hormones provenant du Canada ; actuellement les EU veulent taxer à 20 % tous les produits importés, et la Chine menace les EU de ne plus lui vendre certains métaux utilisés dans les produits de l’armée (elle possède 95 % des ressources).


Exercice 8 : Travail de groupe sur un sujet de dissertation. Durée : 2h
Voici un sujet de dissertation : Dans quelle mesure le recours au protectionnisme est-il souhaitable ?
 Consignes :
- Problématiser le sujet (tâche collective)
- Listez rapidement les connaissances du cours (III et II) qui devront être mobilisés
- Faites un plan provisoire (grandes parties)
- Etudiez les documents en présentant votre étude dans un tableau en quatre colonnes : numéro du doc/ informations du doc/ liens avec le cours/ Partie de la dissertation
- Elaborez un plan détaillé de votre réponse : les grandes parties, les sous-parties, les points abordés dans chaque sous partie (mots-clés et docs)
- si vous avez le temps : rédiger une de vos sous-parties (au choix)

 DOCUMENT 1 :  



DOCUMENT 2
L’échange international présente trois avantages principaux : il favorise la spécialisation, élargit les marchés et donne accès aux techniques. La spécialisation est un avantage mis en avant par Ricardo si le libre-échange est respecté. Elle permet à chacun d’utiliser au mieux son travail, en l’affectant aux productions les plus efficaces du pays. L’élargissement des marchés est un avantage très important pour les activités où existent des économies d’échelle. A l’extrême, des
biens comme les grands avions ne peuvent voir le jour sans un marché mondial. Cet effet est d’autant plus important que le marché intérieur est étroit. Il est donc maximal pour un pays faiblement développé, qui ne peut compter sur un marché intérieur suffisant. D’autre part, avec l’ouverture du marché, les entreprises bénéficient d’un plus grands choix d’équipements, mieux adaptés à leurs besoins, et les consommateurs de possibilités élargies. Tout aussi important est l’échange de techniques. Cette possibilité d’obtenir des techniques d’autres pays explique en grande partie que les pays en développement récent aient connu des taux de croissance nettement plus élevé que ceux de l’Angleterre ou des Etats-Unis au même stade de leur développement et aient ainsi pu les rattraper en partie.
Arnaud Parienty, L’échange international est-il bon pour la croissance? Alternatives économiques n° 206, Sept 2002


 DOCUMENT 3 Taxes sur les importations en 2012 (en % de leur valeur)


« La protection commerciale dans le monde », lettre du CEPII, juillet 2014

DOCUMENT 4 Salaires annuels moyens en dollars courants en 2016



source: oecd.org



C. Quels sont les effets du taux de change sur les bénéfices du commerce extérieur ?


Certains Etats utilisent le taux de change pour aider les entreprises nationales à exporter davantage. La monnaie chinoise est ainsi accusée d’être largement sous-évaluée, ce qui permet de se protéger contre de nombreuses importations, tout en améliorant les exportations chinoises.
Un taux de change est la valeur d’une monnaie en une autre monnaie. Par exemple, l’euro vaut une quantité de dollars. Au 22 janvier 2018, 1 euro valait 1,25 $. Autrement dit, pour acheter un euro, il fallait 1,25$. Inversement, pour un dollar, il fallait 1/1,25 = 0,8 €.

Quels sont les effets d’une hausse ou d’une baisse des taux de change ?
- Supposons qu’un exportateur français vende aux E.U. un bien pour une valeur de 100€. L’entreprise américaine l’achètera 125$. Mais si ce taux de change passe à 1€ = 1,20$. L’exportateur pourra le vendre 120$, il sera plus compétitif (mais recevra toujours 100€). La baisse de la valeur de la devise nationale (baisse du taux de change de l'euro par rapport au dollar) favorise les exportateurs.
- Qu’en est-il des importateurs français ? Une entreprise importe un bien d’une valeur de 100$. Combien d’euros doit-elle utiliser ? Si le taux de change est de 1€ = 1,25$, il faut 100/1,25 = 80€. Si la valeur de l’euro baisse, se déprécie, à 1€ = 1,20$, il faudra 100/1,20 = 83,33€. Une baisse du taux de change de la monnaie nationale est mauvaise pour les entreprises importatrices et les consommateurs (inflation importée).

 
Exercice 9 : 1p98

Que signifie la donnée de 2011 ?

Quand 1€= 1.38$, combien vaut en $ une clio vendue aux EU 15000€ ?

Quand 1€= 1.2$, combien vaut-elle aux EU ?

Est-il plus facile de vendre une clio aux EU quand le taux de change de l’euro en dollars augmente ou quand il baisse ?

Exercice 10 : 1p102 :

Comment a évolué le taux de change de l’euro en dollars entre 2000 et 2011 ?

En 2000, combien de dollars doit débourser un américain pour acheter une de vos voitures ?

Et en 2011 ?

En 2000, combien d’euros devez vous débourser pour acheter 1000$ de pétrole ?

Et en 2011 ?

On peut en déduire qu’une appréciation de la monnaie (hausse du taux de change de l’euro par rapport au dollar) …………………………………… le prix des exportations et ………………….. le prix des importations. A l’inverse, une dépréciation de la monnaie (baisse du taux de change de l’euro par rapport au dollar) …………………………………. le prix des exportations et …………………… le prix des importations.

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