Thème 4 Mondialisation et
intégration européenne
Ch1 Quels sont
les fondements du commerce international ?
Notions
: avantage comparatif, dotation factorielle, libre échange,
protectionnisme, spécialisation.
Problématiques :
-
Comment expliquer l’essor et les changements de nature du commerce
international ?
- Dans
quelle mesure le libre échange est-il favorable à l’économie ?
- Les
politiques protectionnistes aujourd’hui : un frein utile au
commerce international ?
Introduction
En décembre 2017, le journal Le Monde titrait : « La
mondialisation, à consommer avec modération ? » et
critiquait les accords de libre-échange. La mondialisation est ainsi
l’objet de débats récurrents, certains la voyant comme une chance
pour la croissance quand d’autres estimant ses effets plutôt
défavorables.
On peut en préalable définir le processus de mondialisation
comme l'émergence d'un vaste marché mondial des biens, des
services, des capitaux et de la force de travail, s'affranchissant de
plus en plus des frontières politiques, et accentuant les
interdépendances entre les pays. Elle peut aussi être vue comme
l’extension du capitalisme à l’échelle mondiale.
Alors pourquoi les pays échangent-ils entre eux ? Pourquoi un pays
exportera-t-il plutôt des voitures que des ordinateurs ? Le
libre-échange est-il toujours favorable ?
1.
Les grandes évolutions du commerce international
B.
Les mutations de la nature des produits échangés.
C.
L’évolution du poids des échanges entre les zones géographiques
2.
Quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la
spécialisation ?
A.
Des facteurs historiques
B.
Les spécialisations des économies sont d’abord le résultat des
avantages comparatifs des pays
C.
Les Etats disposent de dotations factorielles différentes qui
justifient leur spécialisation
3.
Faut-il adhérer totalement au libre-échange ou recourir au
protectionnisme ?
A.
Les avantages et inconvénients du libre-échange
B.
Les avantages et inconvénients du protectionnisme
C.
Quels sont les effets du taux de change sur les bénéfices du
commerce international ?
1. Les grandes évolutions du commerce international
Cette partie est
également traitée par votre professeur d’histoire-géographie !
Réutilisez ses cours !
L'internationalisation des économies est un processus continu depuis 2 siècles. Les Etats, sous l'égide de l'OMC, ont largement fait le choix de l'ouverture de leurs économies.
A.
Une explosion du commerce international depuis 1945
On
observe une ouverture croissante des économies tout au long du 20è
siècle. Après s’être effondré pendant les deux
guerres mondiales, le commerce international connaît un essor
remarquable à partir de 1945:
entre 1948 et 2000, le volume du commerce international a ainsi été
multiplié par près de 20 pendant que le PIB mondial était
multiplié par 6.
On
observe une accélération des échanges à partir des années 1980 :
nouvelle phase dans le processus de mondialisation.
La
croissance du commerce international (=
échanges internationaux de biens et services) est
supérieure à celle de la production, exprimée par le PIB. Ce
mouvement d’ouverture internationale s’est s’accéléré
notablement depuis ces cinquante dernières années. Cela
signifie qu'une proportion
grandissante des productions nationales est exportée, de même
qu’une proportion de plus en plus grande de la demande est
satisfaite par des importations de biens et services.
Exercice 1 : Evolution des exportations et du PIB mondial, en
%
Source : Rapport sur le commerce mondial 2014, OMC,
2014.
EC2 : après avoir présenté le document, vous montrerez la
corrélation entre l'évolution des exportations et celle du PIB
Cours vidéo : un
résumé est disponible sur le site inverseco « L'augmentation
des échanges internationaux », ainsi que sur le blog
B.
Les mutations de la nature des produits échangés
Les échanges de
matières premières ont été pendant longtemps la source
essentielle des échanges internationaux. La part des produits
primaires dans le commerce mondial décline cependant fortement,
en particulier celle des produits agricoles qui s'explique notamment
par la baisse des prix de nombreuses productions agricoles. Les
autres matières premières ont des évolutions contrastées depuis
le début des années 2000, avec une hausse de la part des
combustibles et minerais dans le commerce mondial.
Les échanges de
produits manufacturés se sont développés d'abord entre PDEM,
ce qui a entrainé une forme particulière de commerce : l'intra
branche. Un commerce intra branche est un
échange croisé de produits appartenant à un même secteur
économique, comme le secteur automobile par exemple. Le
commerce de produits manufacturés représente aujourd'hui 65% des
exportations mondiales.
Quant aux échanges
de services, leur croissance est plus récente mais très rapide.
La part des services dans les échanges internationaux est de plus
de 20% aujourd'hui (voir schéma doc 3p71). Les services
les plus exportés concernent la comptabilité des entreprises, la
publicité, les télécommunications (pensez aux centres d'appel à
l'étranger!) Cependant une partie des services reste difficilement
exportable comme l'enseignement et les services aux personnes
(«secteur abrité» de la concurrence internationale).
Document: un exemple d'exportation de services, les services
juridiques
La délocalisation des activités
juridiques représente encore peu de choses (…). Mais ce chiffre
grossit de 20 à 30 % par an, pour la simple raison que les
frais d’avocats explosent. Entre 2002 et 2013, les tarifs horaires
des gros cabinets de conseil ont augmenté de 65 % (…).
Certains services ne peuvent pas
être bon marché. Si le sort de l’entreprise repose sur le verdict
d’un juge, vous voudrez un brillant avocat pour plaider votre cas.
Mais de nombreuses tâches sont routinières. Les cabinets américains
ont l’habitude de confier ces tâches à des juristes débutants et
à les facturer à un prix élevé, mais la récession a poussé les
clients à se rebeller (…). American express, General Electric,
Sony, et d’autres entreprises ont commencé à utiliser les
services de Pangea3, une firme dont les avocats sont à Bombay, pour
des tâches routinières. La firme vérifie les documents, rédige
les contrats et fait d’autres tâches répétitives. D’après
« Offshoring your lawyer », The Economist, 16 decembre
2014
C.
L’évolution du poids des échanges entre les zones géographiques
Le développement des
échanges s'est surtout fait entre les pays industrialisés dans un
premier temps : le commerce est triadique entre
3 sphères d'influence: les Etats Unis, le Japon, et l'Europe.
- Aujourd’hui les
échanges commerciaux demeurent avant tout le fait des pays
développés.
-
De nouveaux acteurs du commerce international sont apparus :
les pays émergents. Il y a eu dans un premier temps 4 pays
d'Asie du Sud Est (« dragons »): Hong Kong,
Singapour, Taiwan et la Corée du Sud se sont intégrés à la
fin des années 1970 dans les échanges internationaux (exportation
de produits manufacturés). Depuis les années 2000, on voit
apparaître une seconde génération de pays émergents, avec
en particulier l'irruption de la Chine (entrée à l'OMC en
2001), qui est devenu le 1er exportateur mondial . Sur le
continent Américain, le Mexique s'est lui aussi largement
développé en s'internationalisant. L'ensemble formé par ces pays
est aussi appelé les NPI : les nouveaux pays industrialisés.
-
Le commerce intra-régional s'est largement développé. Les
échanges se font en effet plus facilement entre pays voisins,
connaissant des situations de développement similaires, et
disposant de liens commerciaux anciens et profonds.
Exercice 2 : 4p71 Destination et origine des échanges
commerciaux
Q. Montrez que le commerce international est surtout intra-régional
Exercice 3 : Ne pas confondre
Commerce intra-branche
Commerce de B&S entre pays appartenant à la même
région
Commerce intra-zone
Commerce de B&S intermédiaires entre filiales de
la même FMN
Commerce intra-firme
Commerce de B&S similaires entre pays
à spécialisation proche
2. Quels sont les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation?
Spécialisation :
Concentration de la production d'un pays dans des branches
d'activités ou des produits particuliers.
EC3
Vous montrerez que le commerce international a plusieurs déterminants
(autres centres étrangers, 2015)
A.
Des facteurs historiques
- La hausse du commerce
international repose sur la baisse des coûts de transports et de
communication, et sur leur amélioration. Les frais de transport
se rajoutent aux coûts de production.
Depuis le début des
années 90, le développement de l'informatique et de la transmission
numérique des données a
permis de réduire considérablement les coûts de communication.
La dématérialisation des
informations et données numériques nécessaires aux entreprises en
« cloud » (nuage informatique) accélère encore le
processus de mondialisation des échanges (les données sont
partagées et disponibles en tout point de connexion internet).
- Les échanges internationaux se sont d’abord développés sous
l’impulsion d’organisations internationales favorables au
libre-échange, issues pour la plupart des accords de Bretton
Woods (1944). C’est à ce moment, en effet, que l’on donne
naissance au Fonds Monétaire
international (FMI), et à la Banque mondiale. Mais c’est
surtout le GATT (general agreement on tariffs and
trade) qui impose à partir de 1947 les règles du jeu en
matière de commerce international
; il laisse la place à l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) en 1995. Les principes de l’OMC sont simples :
il s’agit de réduire les entraves au commerce et d'assurer une
meilleure coopération internationale, mettant chaque pays sur un
pied d’équité :
- La
non-discrimination: quand un pays baisse ses droits de douane il doit
le faire pour tous les pays
-
L’abolition des restrictions quantitatives (quotas)
-
L’interdiction du dumping (la vente à perte) et la
réglementation des subventions à l’exportation.
- Ces règles ont
permis d’abaisser considérablement le niveau des barrières
douanières.
- Des zones
d’intégration régionale se sont développées, comme
l’ALENA ou l’UEM : les échanges entre pays membres
explosent.
B
. Les spécialisations des économies sont dues aux avantages
comparatifs des nations
L’échange
international est d’abord fondé sur l’échange de biens et
services distincts, chaque
nation disposant d’avantages spécifiques pour certaines
productions.
Ce
sont les avantages spécifiques à chaque nation qui expliquent ces
spécialisations internationales : c'est parce qu'il y a des
différences marquées de productivité entre nations que l'échange
est préférable à l'autarcie. Pour D. Ricardo les pays
se spécialisent dans la production où leur supériorité est la
plus forte, et dans celle où son infériorité est la
moins grande. La théorie des avantages comparatifs
montre en effet que les pays ont intérêt à échanger dès lors
que chacun se spécialise dans les productions où il est le plus
productif. Supposons que la France et la Thaïlande produisent
tout deux du cognac et des télévisions;
-
en France 1 bouteille de cognac = 50€, une télé = 500€, soit 10
bouteilles de cognac = 1 télé
-en
Thaïlande 1 bouteille de cognac = 5.000baht, une télé =
15.000baht, soit 3 bouteilles = 1 télé
Le
prix relatif de la télévision est donc plus faible en Thaïlande.
Si la France produit 1 télévision de moins, elle peut produire 10
bouteilles en plus ; si la Thaïlande produit une télévision
en plus, elle produit 3 bouteilles en moins. Il y a bien un gain
mutuel à l’échange parce que la France a un avantage comparatif
dans le cognac et la Thaïlande dans les télévisions.
Grâce à l’échange,
la quantité de biens produit augmente car les échanges
internationaux augmentent l’efficacité des producteurs, ils
permettent une meilleure utilisation des ressources. La
spécialisation permet à chacun de concentrer ses moyens de
production sur les secteurs où ils seront relativement les plus
efficaces.
Exercice 4: vidéo « Dessine moi l'éco »
intitulée « Qu'est-ce qu'un avantage comparatif ? »
Quel est le postulat de départ de David Ricardo ?
Comment les pays doivent-ils se spécialiser ?
Pourquoi le Portugal a -t-il un avantage absolu sur l'Angleterre ?
Pourquoi la spécialisation des pays est-elle bénéfique ?
Exercice 5: 2p72 Un exemple d'avantage comparatif
Montrez que les EU ont un avantage absolu sur la production de blé
et d'ordinateurs
Expliquez pourquoi le commerce international ne peut pas dépendre
uniquement des avantages absolus
Pourquoi le Japon a-t-il intérêt à produire des ordinateurs, et
les EU du blé ?
Les
avantages comparatifs peuvent être tirés d'avantages naturels –
on pense par exemple aux richesses minières du sous-sol ou à la
fertilité des terres agricoles. Mais dans la plupart des cas, un
avantage de productivité est le fruit d'une histoire :
l'industrie anglaise des débuts de l'ère industrielle surpassait
ses concurrentes parce que ses entrepreneurs avaient beaucoup
investi, beaucoup innové, que les ouvriers anglais étaient bien
formés.
Exercice 6: 1p72
Q. Indiquez si les spécialisations visibles sur ces photos
sont naturelles ou construites
-
Production de pétrole :
-
Production de chaussures Nike :
-
Production de TGV :
-
Production de cacao :
Les pays qui participent
au commerce international peuvent ainsi chacun se spécialiser dans
une ou plusieurs productions, c'est ce que l'on appelle la
Division internationale du travail.
- La DIT permet alors à chaque pays de se spécialiser selon son avantage comparatif ce qui accroît la productivité globale et le bénéfice mutuel à l'échange.
- Cette DIT permet alors de développer un commerce inter6branches: on échange des produits différents par qu'il existe un différentiel de coût de production à la faveur d'un pays ou d'un territoire. Des souris d’ordinateurs sont made in China, des tongs sont made in Brazil, des Jeans sont made in Marocco, etc.
C. Les
Etats disposent de dotations factorielles différentes justifiant
leur spécialisation
Exercice 7:
3p73 La théorie HOS
De quoi dépend la
spécialisation dans la théorie des avantages comparatifs ?
Dans la théorie HOS ?
Pourquoi dans cet
exemple l'Angleterre doit-elle se spécialiser dans la production de
draps ?
Les spécialisations
visibles dans le doc 1p72 sont-elles dues aux différences de
productivité du travail ou aux différences de dotations en facteurs
de production ?
La
deuxième grande théorie du commerce international est publiée en
1941 par Eli Hecksher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson, d'où son nom:
le théorème
d'HOS.
Dérivé
de la théorie de l'avantage comparatif
qui expliquait la spécialisation par les différences de
productivité, ce théorème démontre que chaque
pays doit se spécialiser dans les productions pour lesquelles il
possède les meilleures dotations en facteurs travail ou capital.
Chaque pays produit et exporte les produits pour lesquels il a la
meilleure dotation
factorielle.
En
effet, plus le facteur de production est abondant, plus son prix
relatif est bas. Ainsi un pays abondamment doté en main-d'oeuvre
mais disposant d'équipements restreints, doit réaliser des
productions intensives en travail (pensez
à la Chine avec sa main d’œuvre toujours abondante et peu
coûteuse pour les entreprises.)
Par
exemple, les EU disposent en abondance du
facteur capital alors que le Mexique est largement doté en facteur
travail. Inversement, aux EU, le nombre de travailleurs disponibles
est moins abondant, alors qu'au Mexique, on observe un manque de
capitaux disponibles. Au Mexique, on va alors se spécialiser dans
les productions nécessitant beaucoup de main d'œuvre (le facteur
travail est abondant, donc son coût est relativement plus faible)
comme le textile par exemple, alors que les EU vont privilégier les
productions utilisant le capital comme les produits High Tech.
Les dotations
initiales peuvent cependant largement évoluer dans le temps, et un
pays peut essayer de développer un des facteurs de production en
développant la recherche, en investissant dans la formation, en
favorisant fiscalement l'investissement, pour acquérir un avantage
comparatif dans les secteurs industriels de pointe.
3. Faut-il adhérer totalement au libre-échange ou recourir au protectionnisme?
Dissertation:
Dans quelle mesure le recours au protectionnisme est-il souhaitable?
(Pondichéry 2013)
A.
Les avantages et inconvénients du libre-échange.
Libre échange :
- Doctrine (idéologie) prônant la liberté de circulation des produits, des capitaux et des hommes
à l’échelle internationale
-Situation
caractérisée
par la liberté de circulation des produits des capitaux et des
hommes à l’échelle internationale
- Les avantages :
L'échange international accroît la diversité des produits et donc le choix du consommateur. Par les importations, un pays permet à ses consommateurs d'accéder des biens étrangers dont les caractéristiques sont souvent différentes des biens produits localement (ex : fruits et légumes exotiques sur les marchés français). Le libre-échange permet des échanges croisés de produits similaires mais non identiques, nommés commerce intra-branche. Exemple : pour les consommateurs, les voitures allemandes, françaises, japonaises ou italiennes n'ont pas les même caractéristiques (qualité, design, performances, etc.).
L'échange
international permet des économies d'échelle et donc une production
à moindre coût. En effet, le libre-échange permet aux
entreprises de vendre plus (nouveaux débouchés), et donc de
produire plus et de profiter d'économies d'échelle les coûts fixes
sont dilués dans un plus grand nombre de production.
La réduction des coûts
de production dans les entreprises grâce aux économies d'échelle
permet la baisse des prix de vente des biens et services. Le
pouvoir d'achat des consommateurs augmente donc, et ils peuvent
acheter une plus grande quantité de biens et services. Cette demande
accrue impose d'augmenter la production, ce qui renforce encore les
économies d'échelle et la baisse possible des prix de production.
On a donc un " cercle vertueux " qui s'enclenche entre
le commerce international et la croissance économique.
Les inconvénients :
La
mise en compétition des travailleurs
des pays développés avec les mains-d'oeuvre abondantes, peu
qualifiées, sous-payées et exploitées des pays en développement,
conduit à un nivellement par le bas des salaires et des acquis
sociaux: le"dumping
social". Pour les pays développés cela se
traduit par une baisse des salaires des travailleurs les moins
qualifiés (si les salaires sont flexibles) ou par la délocalisation
d'activité et l’augmentation du chômage. Pour les pays en
développement cela contribue à dégrader les conditions de travail
et de vie.
De plus seuls les
pays riches sont en mesure de soutenir certaines de leurs activités,
telle l'agriculture, par des subventions (ex : PAC pour l'Union
européenne) alors qu'ils imposent aux pays les plus pauvres
d'abandonner le seul moyen de protection dont ils disposent, les
barrières douanières. Ces subventions versées par les Etats
permettent de baisser les prix des produits, ce qui est une
concurrence « déloyale » vis à vis des pays qui n’ont
pas un budget suffisant pour verser des subventions.
Enfin, les spécialisations que génère le libre-échange ne sont pas équivalentes. Par exemple, la réalisation de produits manufacturés nécessite la maîtrise de tout un processus de fabrication, tandis que les extractions de matières premières ne conduisent pas à une industrialisation. Surtout, l’exportation de produits tels que les médicaments ou le textile de luxe rapporte beaucoup d’argent, tandis que l’exportation des produits tels que les céréales ou le textile commun apporte peu de bénéfice. Il peut y avoir une dégradation des termes de l’échange s’il faut exporter une plus grande quantité d’un produit (ex : cacao) pour payer la même quantité d’un autre produit (ex : parfum).
Enfin, les spécialisations que génère le libre-échange ne sont pas équivalentes. Par exemple, la réalisation de produits manufacturés nécessite la maîtrise de tout un processus de fabrication, tandis que les extractions de matières premières ne conduisent pas à une industrialisation. Surtout, l’exportation de produits tels que les médicaments ou le textile de luxe rapporte beaucoup d’argent, tandis que l’exportation des produits tels que les céréales ou le textile commun apporte peu de bénéfice. Il peut y avoir une dégradation des termes de l’échange s’il faut exporter une plus grande quantité d’un produit (ex : cacao) pour payer la même quantité d’un autre produit (ex : parfum).
B. Les avantages et inconvénients du protectionnisme contemporain
Le protectionnisme
vise à protéger l'espace national face à l'entrée de biens ou
services étrangers.
Les
mesures protectionnistes :
-
Les barrières tarifaires sont des taxes douanières mises à
l'entrée de produits étrangers dans l'espace national ; elles
existent toujours mais sont en déclin (ex :
les EU taxent à 250 % l’acier chinois importé!).
Elles sont interdites par l'OMC mais le versement de subventions
publiques aux entreprises constitue des barrières tarifaires :
une entreprise subventionnée peut vendre moins cher que les produits
importés. L'agriculture est un des secteurs les plus protégés sur
ce plan là, que ce soit dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis
(aides directes aux agriculteurs)
-
Les barrières non tarifaires sont des restrictions quantitatives
(quotas): les autorités politiques fixent un volume annuel maximum
d'importation pour un produit donné. Ces pratiques sont interdites
par l'OMC aujourd'hui. Elles ont beaucoup perdu d'importance.
-
Il ne faut pas oublier l'imposition de normes techniques,
sanitaires ou autres. Elles doivent protéger le consommateur
mais elles sont aussi un moyen détourné pour décourager les
importations (ex : l’UE interdit l’importation de bœuf
aux hormones).
Les avantages :
Le protectionnisme
peut être protecteur : protéger les travailleurs qui devraient
perdre leur emploi du fait de la concurrence internationale. Par
exemple, le secteur textile, pendant très longtemps, fut en dehors
des règles du libre-échange.
Le protectionnisme
peut aussi être éducateur pour les pays non industrialisés: l'Etat
protége les entreprises nationales dans des secteurs nouveaux
jusqu'à ce qu'elles soient en mesure d'affronter la concurrence
internationale. C’est la théorie du protectionnisme éducateur de
F. List au 19e s. Dans un pays peu
développé, le commerce international représente une rude
concurrence et empêche l’émergence d’industries nationales :
le pays doit fermer ses frontières
aux produits modernes pour permettre la naissance et le développement
des jeunes industries (ou " industries dans l'enfance ",
comme disait List). Mais ce protectionnisme doit être partiel
(certaines branches seulement) et temporaire car il favorise les prix
élevés.
Ce raisonnement peut
aussi être appliqué aux secteurs de pointe des économies
développées. Par exemple face au premier constructeur
mondial, l'américain Boeing, dans les années 1970-1980, il n'y
avait pas de rival en Europe. Certains pays européens ont créé un
consortium (entreprise commune) et l'ont subventionné largement pour
développer Airbus. L'aéronautique est une branche dans laquelle
l'entrée est très coûteuse (les équipements sont très
spécialisés, la R&D doit être très poussée, le réseau
clients est très difficile à constituer).Une fois installé
dans la branche, on peut y réaliser de gros profits, mais il faut
parvenir à s'y installer.
Les
limites :
Les
Etats ayant choisi de se développer en dehors que commerce
international n’ont en général pas bénéficié d’un rythme de
croissance élevé.
Protéger
l’économie nationale de la concurrence mondiale ne stimule ni
l’innovation, ni la recherche d’une baisse des coûts de
production (compétitivité-prix). Au final, les entreprises
nationales risquent de devenir de moins en moins performantes, et
l’absence de baisse des coûts de production nuit au pouvoir
d’achat des ménages, qui ne peuvent pas consommer davantage. Les
consommateurs ne peuvent pas non plus bénéficier d’une gamme de
produits élargie.
De
plus, le protectionnisme peut alimenter des tensions entre pays et
conduire à une « guerre commerciale ». Un pays qui
limite l’entrée de produits d’un autre pays s’expose ainsi à
des mesures de rétorsion puisque l’autre pays peut lui aussi en
contrepartie empêcher les importations. Exemple : jusqu’en
2012 le Canada a instauré des droits de douane élevés sur tous les
produits venant de l’UE car l’UE interdisait l’importation de
bœuf aux hormones provenant du Canada ; actuellement les EU
veulent taxer à 20 % tous les produits importés, et la Chine
menace les EU de ne plus lui vendre certains métaux utilisés dans
les produits de l’armée (elle possède 95 % des ressources).
Exercice
8 : Travail de groupe sur un sujet de dissertation. Durée :
2h
Voici
un sujet de dissertation : Dans quelle mesure le recours au
protectionnisme est-il souhaitable ?
Consignes :
-
Problématiser le sujet (tâche collective)
- Listez
rapidement les connaissances du cours (III et II) qui devront être
mobilisés
- Faites
un plan provisoire (grandes parties)
-
Etudiez les documents en présentant votre étude dans un tableau en
quatre colonnes : numéro du doc/ informations du doc/ liens
avec le cours/ Partie de la dissertation
-
Elaborez un plan détaillé de votre réponse : les grandes
parties, les sous-parties, les points abordés dans chaque sous
partie (mots-clés et docs)
- si
vous avez le temps : rédiger une de vos sous-parties (au choix)
DOCUMENT 2
L’échange
international présente trois avantages principaux : il favorise la
spécialisation, élargit les marchés et donne accès aux
techniques. La spécialisation est un avantage mis en avant par
Ricardo si le libre-échange est respecté. Elle permet à chacun
d’utiliser au mieux son travail, en l’affectant aux productions
les plus efficaces du pays. L’élargissement des marchés est un
avantage très important pour les activités où existent des
économies d’échelle. A l’extrême, des
biens
comme les grands avions ne peuvent voir le jour sans un marché
mondial. Cet effet est d’autant plus important que le marché
intérieur est étroit. Il est donc maximal pour un pays faiblement
développé, qui ne peut compter sur un marché intérieur suffisant.
D’autre part, avec l’ouverture du marché, les entreprises
bénéficient d’un plus grands choix d’équipements, mieux
adaptés à leurs besoins, et les consommateurs de possibilités
élargies. Tout aussi important est l’échange de techniques. Cette
possibilité d’obtenir des techniques d’autres pays explique en
grande partie que les pays en développement récent aient connu des
taux de croissance nettement plus élevé que ceux de l’Angleterre
ou des Etats-Unis au même stade de leur développement et aient
ainsi pu les rattraper en partie.
Arnaud
Parienty, L’échange international est-il bon pour la croissance?
Alternatives économiques n° 206, Sept 2002
« La
protection commerciale dans le monde », lettre du CEPII,
juillet 2014
source:
oecd.org
C. Quels sont les effets du taux de change sur les bénéfices du commerce extérieur ?
Certains Etats
utilisent le taux de change pour aider les entreprises nationales
à exporter davantage. La monnaie chinoise est ainsi accusée
d’être largement sous-évaluée, ce qui permet de se protéger
contre de nombreuses importations, tout en améliorant les
exportations chinoises.
Un taux de change est la valeur d’une
monnaie en une autre monnaie. Par exemple, l’euro vaut une
quantité de dollars. Au 22 janvier 2018, 1 euro valait 1,25 $.
Autrement dit, pour acheter un euro, il fallait 1,25$. Inversement,
pour un dollar, il fallait 1/1,25 = 0,8 €.
Quels sont les effets d’une hausse ou d’une baisse des taux de
change ?
- Supposons qu’un exportateur français vende aux E.U. un bien pour
une valeur de 100€. L’entreprise américaine l’achètera 125$.
Mais si ce taux de change passe à 1€ = 1,20$. L’exportateur
pourra le vendre 120$, il sera plus compétitif (mais recevra
toujours 100€). La baisse de la valeur de la devise nationale
(baisse du taux de change de l'euro par rapport au dollar) favorise
les exportateurs.
-
Qu’en est-il des importateurs français ? Une entreprise
importe un bien d’une valeur de 100$. Combien d’euros doit-elle
utiliser ? Si le taux de change est de 1€ = 1,25$, il faut
100/1,25 = 80€. Si la valeur de l’euro baisse, se déprécie, à
1€ = 1,20$, il faudra 100/1,20 = 83,33€. Une baisse du taux de
change de la monnaie nationale est mauvaise pour les entreprises
importatrices et les consommateurs (inflation importée).
Exercice 9 :
1p98
Que signifie la donnée de 2011 ?
Quand 1€= 1.38$, combien vaut en $ une clio vendue aux EU 15000€ ?
Quand 1€= 1.2$, combien vaut-elle aux EU ?
Est-il plus facile de vendre une clio aux EU quand le taux de change
de l’euro en dollars augmente ou quand il baisse ?
Exercice 10 : 1p102 :
Comment a évolué le taux de change de l’euro en dollars entre 2000 et 2011 ?
En 2000, combien de dollars doit débourser un américain pour acheter une de vos voitures ?
Et en 2011 ?
En 2000, combien d’euros devez vous débourser pour acheter 1000$ de pétrole ?
Et en 2011 ?
On
peut en déduire qu’une appréciation de la monnaie (hausse du taux
de change de l’euro par rapport au dollar) ……………………………………
le prix des exportations et ………………….. le prix des
importations. A l’inverse, une dépréciation de la monnaie (baisse
du taux de change de l’euro par rapport au dollar) ………………………………….
le prix des exportations et …………………… le prix des
importations.
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