Cet article paru dans le monde en 2014 revient sur le spectre de la déflation qui a touché certains pays occidentaux suite à la crise des subprimes et qui a de nouveau représenté une menace au cours des années 2013 et 2014. IL permet d'illustrer le mécanisme de la déflation par la dette analysée par I. Fischer.
Extraits:
Le cercle infernal de la déflation en trois étapes
La baisse des prix, au sujet de laquelle l'exécutif se fait alarmiste, n'augure rien de bon en termes de déficit et de salaires.
Le Monde.fr
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Par Mathilde Damgé
« En France, l'inflation n'a jamais été aussi basse. Or, si une faible croissance pèse sur les rentrées fiscales, une faible inflation a également des conséquences budgétaires négatives sur les recettes comme sur la dette. »M. Hollande exagère : en 2009, année de récession du fait de la crise des subprimes, l'inflation avait été de 0,1 %. (...)
1. Pourquoi acheter aujourd'hui ce qu'on peut acheter moins cher demain ?
Certes, le phénomène de déflation n'est au départ que théorique. Il se met en place lorsque les consommateurs jugent qu'il est préférable d'acheter demain plutôt qu'aujourd’hui, puisque les prix vont baisser. En termes savants, on dit que la déflation se caractérise par des anticipations générales de baisse des prix futurs(...).2. Moins de bénéfices pour les entreprises, baisse de l'investissement et des salaires
Pour s'adapter, les entreprises produisent moins et baissent encore plus leurs prix, puis réduisent les salaires ou licencient. Ce qui pèse alors encore plus sur la consommation et les investissements.C'est ce qui a commencé à se passer en Allemagne, avec une baisse des salaires l'an dernier, un phénomène inédit depuis 2009, année de crise, où l'économie allemande avait enregistré un recul de sa croissance de 5 %. (...)

3. Les emprunts « valent » plus cher et sont plus difficiles à rembourser
Là où l'inflation profite aux endettés, la déflation les handicape. Tout est histoire de taux d'intérêt « réels » et « nominaux ». Par exemple, votre taux d'emprunt à la banque dont la valeur nominale est, mettons, de 2 %, doit être « corrigé » de l'inflation : votre pouvoir d'achat évolue pendant la durée de l'emprunt, la valeur de ce dernier aussi.Si les prix baissent de 0,3 %, comme en Espagne le mois dernier, votre taux d'intérêt réel sera de 2,3 %, puisqu'il faut soustraire l'inflation... qui est négative.
A l'inverse, si l'inflation était de 2,1 %, comme aux Etats-Unis en juin, votre taux d'intérêt réel serait de – 0,1 %, soit un taux d'intérêt réel négatif et une véritable incitation à s'endetter !
Le phénomène s'applique de façon similaire pour tous les Etats. Or, dans la zone euro, peu de pays affichent des finances publiques florissantes, la plupart étant endettés et empruntant donc sur les marchés. La déflation ne fait donc que compliquer le problème, alors que dans le même temps les recettes de l'Etat, TVA et impôt sur les sociétés, s'affaissent.
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